Plaintes de 240 familles contre le distributeur du Meningitec en France

Le tribunal de grande instance de Clermont-Ferrand examinera le 24 novembre prochain les plaintes de 240 familles contre CSP (Centre spécialités pharmaceutiques), distributeur français du Meningitec. Le distributeur, dont le siège est situé à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme), est accusé d’avoir acheminé des seringues préremplies contenant des résidus de métaux lourds. Une audience au civil a eu lieu ce mardi. « On va demander au cours de cette audience des expertises pour chaque enfant », avait expliqué à l’AFP Me Emmanuel Ludot, avocat de 80 familles. Des analyses capillaires ont permis de détecter chez les personnes vaccinées avec des lots de vaccins défectueux, des concentrations de plomb, étain, silicium et aluminium dans les cheveux des personnes vaccinées. Ces dernières, dont de très nombreux enfants, souffriraient depuis de symptômes persistants (diarrhées aiguës, nausées, irritabilité, fortes poussées de fièvre, troubles du sommeil, éruptions cutanées…).

Lors de l’audience, les avocates de CSP ont demandé la convocation devant le tribunal de grande instance de 4 laboratoires étrangers qui ont participé à l’élaboration (seringues et vaccin lui-même) ou obtenu son autorisation de mise sur le marché : deux suisses, un allemand et un hollandais.

L’alerte avait été donnée par une mère de famille de la région rennaise dont la fille, a présenté plusieurs de ces symptômes à la suite d’une vaccination par Meningitec à 1 an. En recherchant sur Internet, elle découvre que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait demandé le retrait de 21 lots de ce vaccin produit par le laboratoire américain Nuron Biotech en septembre 2014.

Dans son avis, l’ANSM précisait que le rappel des lots commercialisés en France « est effectué à titre de précaution » en raison « d’un défaut de qualité » lié à la présence de particules dans un nombre limité de seringues de certains lots de Meningitec. Un rappel similaire est effectué à l’échelle européenne. « En l’état actuel des investigations, la présence de ces particules n’affecte pas la stérilité de ces produits et ne compromet pas l’efficacité du vaccin. Il n’est donc pas nécessaire d’effectuer une revaccination », soulignait alors l’ANSM qui évoquait des réactions locales (rougeurs ou gonflement au site d’injection) voire des effets généraux (fièvre). L’apparition de ces effets indésirables surviendrait dans les premières heures ou jours après la vaccination.

« Il est à noter que ces effets sont semblables à ceux que pourrait produire le vaccin », ajoutait l’ANSM. À cette période, aucun effet indésirable lié aux lots défectueux n’avait été signalé. Toutefois une ligne d’information médicale dédiée aux pharmaciens et aux médecins avait été mise en place et l’agence recommandait de rapporter aux pharmaciens les lots défectueux au cas où un patient se présentait avec un vaccin concerné par le rappel.

Le retrait des lots de Meningitec avait d’ailleurs entraîné une tension d’approvisionnement sur l’ensemble des vaccins méningococciques conjugués monovalents de sérogroupe C, en particulier sur les deux autres spécialités disponibles en France : Neisvac (laboratoire Baxter) et Menjugatekit (laboratoire Novartis Vaccines).

Le Haut Conseil de la santé publique a d’ailleurs été amené à adapter la stratégie vaccinale en janvier 2015 et ce, jusqu’au mois d’avril de la même année lorsque Baxter et Novartis ont été en mesure d’approvisionner le marché français à hauteur des besoins. La production en Suisse du Meningitec est arrêtée depuis décembre 2014.

Au tribunal de Clermont-Ferrand, l’avocat Me Ludot souhaite dénoncer les failles « à tous les niveaux », indique-t-il, « des pharmaciens en passant par les laboratoires, les autorités sanitaires. Tout le monde a été curieusement négligent ». Et s’interroge : « Comment expliquer que ce vaccin ait été encore prescrit trois mois après le retrait théorique des lots défectueux ? ». Il évoque même un « scandale sanitaire » indiquant qu’au-delà de l’erreur de manipulation, c’est la nature même du vaccin (présence de nanoparticules) qui serait en cause.

Source : www.lequotidiendumedecin.fr (22/09/2015)

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