Condamné pour une prise en charge tardive, l’hôpital de Roubaix ne fait pas appel

Le centre hospitalier de Roubaix ainsi que les pompiers du SDIS du Nord ont été condamnés ce jeudi par le tribunal administratif de Lille à verser près de 315 000 euros de dommages et intérêts à une victime d’un AVC prise en charge tardivement en 2012.

Le 17 août 2012, l’homme, alors âgé de 37 ans, est victime d’un accident vasculaire cérébral à Lille, peut-on lire dans la décision du tribunal administratif dont l’AFP a obtenu copie. Vers 20 heures, il appelle les secours afin de signaler son malaise, mais son interlocuteur, pompier de permanence, lui déconseille de se rendre aux urgences et l’invite à rentrer chez lui.

Presque deux heures plus tard, il est trouvé non loin de son domicile par une passante. Elle appelle le SDIS qui le conduit à l’hôpital Victor-Provo, à Roubaix. Transféré au CHU de Lille vers 03 h 30, il présente alors une « tétraplégie flasque aux quatre membres ». Un examen neurologique révèle un tableau de locked-in syndrome qui se traduit par une paralysie complète, mais des facultés intellectuelles intactes. Il est depuis tétraplégique et dépendant.

Selon l’instruction, les 3 h 30 de retard dans la prise en charge du patient ont eu pour effet de priver la victime « de 30 % de chance de subir une évolution neurologique moins défavorable et de conserver des séquelles moins lourdes de l’accident vasculaire cérébral dont il a été victime ».

L’hôpital de Roubaix a indiqué ce vendredi qu’il ne ferait pas appel de cette décision. « Le centre hospitalier regrette de n’avoir pu optimiser les chances de ce patient arrivé avec un pronostic critique », écrit même l’établissement, qui ne nie pas sa part de responsabilité dans l’affaire.

Selon sa vision des choses, le patient est arrivé « dans un état clinique critique » et a été pris en charge « immédiatement ». « Le diagnostic d’AVC a été très rapidement posé par les médecins urgentiste et neurologue, et un scanner a été réalisé dans la demi-heure, explique par le menu l’hôpital. Par la suite, l’état du patient s’étant aggravé, une IRM a été réalisée, puis une thrombolyse. Le patient a été ensuite transféré au CHRU pour la suite de sa prise en charge. Le Tribunal a estimé que l’établissement aurait dû pratiquer l’IRM en première intention, ce qui aurait permis de réaliser la thrombolyse plus rapidement. »

Les pompiers ont réagi autrement à la lecture du jugement. Pour sa défense, le SDIS a affirmé que le pompier de permanence qui a pris l’appel a répondu à la victime de « manière adaptée au vu du nombre important d’appels ce jour-là, de ses compétences médicales très limitées et des symptômes décrits par l’intéressé pouvant évoquer d’autres pathologies qu’un accident vasculaire cérébral ». Selon « La Voix du Nord », le SDIS 59 étudie la possibilité de faire appel de la décision.

Source : www.lequotidiendumedecin.fr (18/05/2018)

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