Amiante : l’Andeva juge la justice trop indulgente vis-à-vis d’un médecin du travail

Le président de l’Association de défense des victimes de l’amiante (ANDEVA), François Desriaux ne mâche pas ses mots et reproche aux juges chargés du dossier leur indulgence vis-à-vis d’experts, dont ce médecin du travail mis en cause dans l’enquête sur l’exposition à la fibre d’amiante cancérogène des salariés de l’usine Ferodo-Valeo de Condé-sur-Noireau (Calvados).

Médecin du travail de l’usine pendant 25 ans, le Dr Claude Raffaelli était membre du Comité permanent amiante (CPA), dissous dans les années 90. Un comité que les victimes  accusent d’être le lobby des industriels et le promoteur d’un « usage contrôlé » de la fibre cancérogène pour en retarder au maximum l’interdiction, intervenue en France en 1997.

En 2008, la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy avait mis en examen le médecin pour « non-assistance à personne en danger » et « homicides et blessures involontaires ». Les nouveaux magistrats instructeurs en charge de l’enquête, après avoir placé le Dr. Raffaelli sous le statut plus favorable de témoin assisté en 2016, devraient finalement rendre un non-lieu en sa faveur comme vis-à vis de l’ensemble des protagonistes d’une quinzaine de dossiers emblématiques liés au scandale de l’amiante.

Les juges d’instruction, tout comme le parquet de Paris, s’appuyant sur une expertise judiciaire diligentée en 2016, estiment en effet qu’il est impossible de déterminer avec certitude la date à laquelle les victimes ont été intoxiquées et par conséquent d’identifier le ou les responsables de cette intoxication. Mais l’Andeva n’est pas du tout de cet avis : « Les magistrats du pôle judiciaire de santé publique se sont ingéniés à détricoter toutes les charges qui pesaient sur les principaux protagonistes de cette affaire » emblématique du scandale sanitaire de l’amiante, estime l’association, qui réclame désormais la récusation des juges d’instruction.    

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