Accident médicamenteux : Distilbène

Le Laboratoire UCB Pharma a été reconnu par le tribunal de grande instance de Nanterre « responsable des dommages résultant de l’exposition au Distilbène de Mme Stéphanie Chevallier », la présidente de l’association Les Filles DES.

Déjà en mars dernier, le laboratoire avait été condamné à verser des dommages et intérêts à deux patientes, l’une qui a donné naissance à un enfant polyhandicapé et qui avait subi une hystérectomie et avait eu deux grossesses pathologiques, l’autre qui se plaignait de stérilité.
Une décision accueillie avec d’autant plus de joie que cette fois la plaignante ne disposait pas des ordonnances d’origine et ne présentait pas une typologie médicale typique d’une exposition au Distilbène. Le tribunal a néanmoins jugé « qu’il existe des présomptions précises, graves et concordantes de ce que l’exposition de Mme Chevallier au Distilbène in utero est bien la cause de ses malformations et de son infertilité ».

Le DES ou diéthylstilboestrol, hormone de synthèse prescrite de 1950 à 1977 en France, vendue sous le nom de Distilbène (UCB Pharma), et Stiboestrol (Novartis), a été commercialisé en France jusqu’en 1977 (six années après son interdiction aux États-Unis). L’exposition in utero est à l’origine d’infertilité, de malformations génitales, de complications de grossesses (fausses couches tardives et d’accouchements prématurés), de cancers du vagin et du col de l’utérus chez l’enfant à naître. D’où la nécessité d’un suivi et d’une vigilance à vie. Des études récentes ont démontré que les garçons de la troisième génération (petits-fils) présentent 40 à 50 fois plus de risques de malformations du pénis.

L’association Les Filles DES, selon laquelle près de 160 000 filles et fils auraient été victimes du Distilbène, espère que la nouvelle décision du tribunal de Nanterre permettra que tous soient indemnisés. Les victimes du Distilbène « ne disposent d’aucune reconnaissance, d’aucun dispositif de prise en charge… Elles ne peuvent bénéficier ni des lois Kouchner de 2002 ni d’un dispositif comme l’ONIAM », souligne l’association.

Source : Le Quotidien du Médecin - Dr Lydia Archimède (26/05/14)

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